Alors qu’elle avait à peine 10 ans, Ylda Decrop passait son temps dans l’atelier de deux peintres renommés en Guadeloupe : Lucien Léogane et Alain Caprice, avec lesquels elle a fait ses premières armes. Ils lui ont expliqué le travail de la couleur, elle peignait avec eux. Elle se sentait dans son élément, elle aimait ce qu’elle voyait, elle absorbait tout.
Après un Bac littéraire option Arts Plastiques, elle craint de s’éloigner de sa famille pour partir faire des études d’art. Alors, pendant des années, le quotidien prend le dessus : Ylda apprend un métier, travaille en entreprise, oublie la peinture même. Ylda raconte que Frida Kahlo a commencé à peindre pendant sa convalescence. Elle partage cette anecdote, parce que ce sont des problèmes de santé lourds qui lui ont donné envie à elle aussi de revenir à la peinture.
Ylda Decrop travaille sur châssis rond, avec de l’acrylique, de la bombe, des pigments poudre, de la résine et… des fibres végétales ! Ylda crée dans sa composition une impression de mouvement, grâce notamment à la fibre qu’elle positionne sans la contraindre, afin qu’elle puisse bouger librement, en douceur. La fibre de coco enroulée, les coulures de la résine, la brillance des pigments, la feuille d’or… tout cela apaise l’œil et donne une impression de préciosité.
Ylda considère ses œuvres comme des êtres vivants. Elle crée pour elles :
un corps à base de fibre végétale. La fibre de coco a sa prédilection : ce fruit rond, avec de l’eau à l’intérieur, rappelle la gestation. L’eau de coco aurait d’ailleurs une composition similaire au plasma sanguin.
une âme : les couleurs représentent la palette émotionnelle de l’homme, et la couleur insuffle une vie émotionnelle à la toile
un esprit, qui se construit dans l’interaction avec les spectateurs. Chaque personne, en interprétant librement la toile, lui insuffle une bride de son identité spirituelle.